Avec plus de 300 entreprises françaises spécialisées, notre pays est aujourd’hui leader en Europe dans le domaine de l’open source. Une croissance qui ne fait que se confirmer depuis son apparition, il y a 10 ans, et qui infuse de plus en plus de domaines IT. Rouage aujourd’hui indispensable de la transformation numérique des entreprises, l’open source a donc de beaux jours devant lui. Quels sont ses prochains défis ? A l’occasion de l’Open Source Summit, qui se tient à Paris les 6 et 7 décembre 2017, entretien avec Véronique Torner, cofondatrice et coprésidente d’Alter Way, satellite d’Econocom et acteur incontournable de l’open source en France avec onze années d’expertises à son actif.
Quelle est aujourd’hui la place de l’open source ?
Le logiciel open source a bien trouvé sa place dans le paysage informatique en une seule décennie. Il y a dix ans, l’open source était considéré comme relativement exotique, on était un peu les « altermondialistes de l’informatique », alors qu’aujourd’hui, l’open source est au cœur de toute la transformation numérique. Toutes les innovations technologiques qui boostent la transformation numérique dans les entreprises, comme le cloud, sont aujourd’hui portées par l’open source. C’est un peu le cœur du réacteur de la transformation numérique !
On voit d’ailleurs très nettement que les derniers bastions plutôt réfractaires dans le secteur privé tombent, comme le monde bancaire. Il y a quelques années, un acteur comme la Société Générale était encore très fermé à la question du libre, alors qu’aujourd’hui ils sont impliqués sur le sujet : ils déploient une stratégie d’open banking, recrutent de nombreuses compétences dans l’open source, et sont aujourd’hui parrains de l’Open Source Summit !
Ceci dit, l’open source n’a pas gagné tous les secteurs de l’IT : s’il est dominant dans le monde de l’infrastructure, les SMACS (Social, Mobility, Analytics, Cloud et Security) et commence à gagner beaucoup sur les bases de données, le libre est encore peu présent sur le poste de travail ou dans les domaines applicatifs comme les ERP. Mais cela peut changer : peut-être qu’une solution ERP en open source deviendra un standard dans quelques temps !
15% de croissance, 1000 emplois créés dans le secteur l’an passé… Cette croissance va-t-elle à votre avis se poursuivre au même rythme ou faut-il y voir davantage un effet de mode ?
Il n’y a pas d’effet de mode, l’open source s’installe clairement dans la durée, et s’inscrit dans une logique de standards et de maitrise de son SI : l’interopérabilité, la transparence et le collaboratif sont les forces des solutions open source qui répondent bien aux enjeux des entreprises en terme d’IT. Si l’on prend les problématiques émergentes liées à l’éthique du numérique avec l’intelligence artificielle, les algorithmes, la blockchain, l’IoT (Internet des Objets) : l’open source apporte une véritable réponse dans la lisibilité et la capacité d’évolution du code qui permettent d’installer un premier socle de confiance.
En 2017, nous avons vu de nombreuses entreprises faire le choix affirmé de l’Open Source First avec une démarche de plus en plus de co-production.
Nous assistons là à un véritable changement de mentalité, les entreprises passent d’un statut d’utilisateur à contributeur.
Pour finir le mouvement Open dépasse le cadre de la technologie : l’open data, l’open access, l’open law, l’open democracy, … sont autant de mouvements inspirés de l’open source.
Quel avenir prédisez-vous à l’open source ?
Nous venons de publier une étude en partenariat avec le Syntec numérique et le CNLL regroupant tous les acteurs de la filière du logiciel libre, sur l’évolution de l’open source. Alors que le secteur de l’IT devrait progresser de 3,6% en 2018, l’open source annonce une croissance annuelle de 8% et cela jusqu’en 2020.
Mais surtout, la France est championne d’Europe sur le secteur de l’open source, avec 23% de part de marché de l’UE.. L’open source français représente un marché de 4,5 milliards d’euros, devant le Royaume-Uni à 4,2 milliards et l’Allemagne à 4,1 milliards. En outre, la part de l’open source dans le marché IT est de 9,9% en France, contre 6,5 % au Royaume-Uni. Et cela ne devrait guère changer d’ici 2020.
Dernier indicateur d’une croissance au beau fixe : 45% des entreprises qui ont été interrogées pour cette étude auront consacré cette année plus de 15% de leur budget R&D au déploiement de solutions open source. De plus, 4 000 personnes vont être recrutées chaque année dans le secteur jusqu’en 2020 !
Et plus d’informations sur Alter Way par ici !