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#RFID dans l’industrie : où en est-on ?

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Voilà plusieurs années que la technologie RFID a poussé la porte des entreprises industrielles. Parmi les pionniers, Decathlon, l’un des plus gros projets de déploiement dans le monde… Mais bien d’autres cas d’usages se développent dans des secteurs aussi variés que l’aéronautique, l’agroalimentaire ou encore l’automobile.

 

Pourquoi miser sur la RFID ? Quels sont les exemples d’application dans l’industrie ? Quelles sont les technologies concurrentes ? Où en est la France par rapport aux autres pays ? Jean-Christophe Lecosse, directeur général du CNRFID a répondu à nos questions.

 

Le Centre national de référence RFID (CNRFID) a été créé en 2008 à l’initiative de la Direction générale des entreprises (DGE). Sa mission ? Favoriser le déploiement des technologies sans contact (RFID, NFC), développer les usages et fédérer les initiatives sur le plan national.

 

En quoi consiste l’activité du CNRFID ?

 

Nous accompagnons l’ensemble des acteurs du sans contact : aussi bien les offreurs (du fabricant de puces jusqu’à l’intégrateur) que les utilisateurs de solutions. Côté offreurs, nos adhérents sont principalement des PME (environ 70%), tandis que côté utilisateurs, ce sont très majoritairement des grands groupes comme Carrefour, L’Oréal, Renault, Airbus, Dassault, Disney… Nous les aidons à définir leur besoin, à identifier les valeurs ajoutées des technologies sans contact (RFID ou NFC) dans leurs processus industriels et à rédiger leur cahier des charges. Nous sommes également attentifs aux projets de recherche aussi bien académiques qu’issus de travaux et projets collaboratifs.

 

Le Centre préside depuis plusieurs années des comités nationaux et internationaux de normalisation et de standardisation afin de promouvoir des solutions ouvertes et interopérables. Ainsi, depuis février 2016, nous avons la présidence de la Commission de normalisation AFNOR/CN IOT.

 

Par ailleurs, depuis 2015, nous sommes engagés dans l’une des 9 Solutions industrielles françaises du projet « Industrie du Futur » sur l’usage des Objets Connectés où nous mettons en œuvre deux groupes de travail destinés à favoriser le déploiement de solutions sans contact dans le Luxe et l’Energie.

 

Dans cette dynamique, le CNRFID a lancé en 2015 Connectwave, la plateforme d’Expérimentation et d’Usages des Objets Connectés Professionnels. Connectwave est un lieu où l’on vient  expérimenter et comprendre les enjeux et les usages des technologies sans contact. Réelle vitrine technologique industrielle, Connectwave s’adresse à l’ensemble des acteurs investis dans le déploiement des solutions sans contact (des fournisseurs aux donneurs d’ordres…) de tout horizon sectoriel (luxe, aéronautique, commerce…). Les usages que nous présentons couvrent de nombreuses problématiques métiers : maintenance, processus industriels, accès aux lieux et aux données, traçabilité, services client …

 

Les Objets Connectés Professionnels vont être mis en avant lors de Connect+ Event, l’événement que nous organisons du 06 au 09 décembre 2016 au Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte. Situé au cœur de Smart Industries, Connect+ Event va réunir pendant 4 jours toutes les briques technologiques et les solutions capables de répondre aux enjeux des Objets Connectés. L’événement sera partie prenante de Convergence pour l’Industrie du Futur et va rassembler 7000 visiteurs sur plus de 1000m² d’exposition.

 

Quels sont les intérêts de la technologie RFID pour les industriels ?

 

Ils sont très nombreux, ce qui rend difficile leur énumération. Sans trop entrer dans la technique, il est important de distinguer deux types de RFID : la Haute Fréquence (HF) et l’Ultra Haute Fréquence (UHF). Prenons l’exemple de l’UHF : nous sommes sur des technologies qui fonctionnent à plutôt grande distance (plusieurs mètres) et qui permettent de lire, en aveugle, un grand nombre de tags simultanément (plusieurs centaines). Ces caractéristiques sont les principaux atouts de la RFID. Elles sont avantageuses dans de nombreux processus industriels, comme, par exemple, la lecture du contenu d’un colis (sans avoir à l’ouvrir) ou d’une palette complète de plusieurs colis. C’est donc une technologie très intéressante pour le suivi des flux logistiques. On améliore et automatise ainsi la traçabilité.

 

Le secteur du commerce, notamment des produits textiles, est très avancé sur l’intégration de la RFID. Decathlon est sans doute l’un des plus gros projets mondiaux en termes de déploiement. Aujourd’hui, la plupart des produits et l’ensemble des magasins de l’enseigne sont équipés. La RFID fait également office d’antivol et permet de faire des inventaires en rayon très rapidement et des passages en caisse à des volumes beaucoup plus importants. On retrouve dans cet exemple nos trois paramètres : lecture à distance, en volume et en aveugle.

 

Mais la RFID est aussi présente sur beaucoup d’autres secteurs :  les bibliothèques, les blanchisseries industrielles, notamment sont passées à la RFID depuis longtemps.

 

=> A lire aussi : Quand Decathlon joue à fond le jeu de l’open innovation

 

Quelles sont les technologies concurrentes ?

 

Lorsque quelqu’un nous appelle pour parler de RFID, notre premier réflexe, c’est de le convaincre que la technologie en soi n’a pas d’intérêt ! En effet, si au moins 2 des 3 avantages  évoqués ne sont pas mis en exergue de manière évidente, très souvent, on se rend compte qu’une technologie optique (code barre, QR code…) peut répondre au besoin.

 

Si un industriel n’a pas besoin d’identifier chaque produit mais simplement des familles de produits, s’il dispose déjà d’un convoyeur sur lequel il est capable de lire un par un les produits, la RFID ne présentera pas beaucoup d’avantages puisque, dans ce cas, le code barre fonctionne très bien. Mettre en place la RFID a un coût et notre premier travail, c’est de s’assurer que la technologie a une valeur ajoutée. Sinon, cela risque de créer des déceptions.

 

Généralement, nous n’aimons pas parler de technologies concurrentes : elles sont bien souvent complémentaires et répondent à des périmètres d’usage différents.

 

Exemple : la reconnaissance vidéo. Dans un télépéage ou un parking, elle est facile à mettre en œuvre car elle n’implique pas de distribuer des badges à l’ensemble des utilisateurs. Néanmoins, une fausse plaque d’immatriculation coûte 20 euros, on a donc un niveau d’authentification assez faible.  Ce niveau est beaucoup plus élevé avec un tag RFID et notamment avec les technologies sans contact HF (type carte bancaire, badge d’accès, passeports…). En résumé, chaque technologie a ses atouts et ses inconvénients.

 

Est-ce que la sécurité est une préoccupation pour les industriels ?

 

Bien sûr. Il est important de faire un ratio entre le niveau de sécurité attendu et le coût à mettre en œuvre. Prenons l’exemple du textile : on peut miser sur un niveau de complexité assez bas car le risque de faire fabriquer un faux tag pour rapporter un tee-shirt et se le faire rembourser est minime. A l’inverse, un passeport ou même un badge d’accès exigent un niveau de sécurité très élevé. Dans chaque cas, il existe donc des solutions dont le coût et le degré de sécurité peut varier en fonction des besoins.

 

Quels exemples de déploiement pouvez-vous citer ?

 

Aujourd’hui, beaucoup de preuves de concept sont mises en place. Dans le secteur aéronautique, le CNRFID a lancé depuis deux ans ITGDO, un programme, financé à hauteur de 3,5 millions d’euros, qui regroupe Airbus, Air France, Safran, Thalès, Sagem et plusieurs PME. L’objectif est de mettre en œuvre la RFID dans plusieurs familles d’objets : contenants, matières premières (couplage de la RFID avec des capteurs de température, par exemple) ou encore outils. Ce dernier point est d’ailleurs une illustration très parlante : les outils peuvent aujourd’hui être tracés grâce à des armoires intelligentes, capables de savoir qui a pris l’outil, quand il doit être rendu ou maintenu… Le tout de manière automatisée, sans qu’il ne soit nécessaire de flasher un code barre. Une dizaine de distributeurs dans le monde proposent déjà ce type d’équipement et la demande est de plus en plus forte.

 

Beaucoup d’usages de niche se développent un peu partout : la gestion de produits alimentaires, la gestion de production… Dans l’automobile, par exemple, lorsqu’un certain nombre de pièces du véhicule sont sur la chaîne de production, le code barre n’est plus adapté. C’est encore plus vrai lorsque la pièce passe à l’atelier peinture : seuls les tags RFID peuvent continuer à être lus.

 

C’est aussi intéressant dans l’univers du luxe : en parfumerie, un code barre disgracieux sur une bouteille gène énormément le marketing. La RFID permet de s’en affranchir.

 

Demain, une révolution RFID ?

 

Depuis une dizaine d’années, nous attendons une forme de big bang, mais cela n’arrivera pas. Il n’y a pas de phénomène « One size fits all ». Les technologies RFID vont peu à peu répondre à des problématiques spécifiques mais, comme chaque processus a des paramètres qui diffèrent (vitesse de passage, type de packaging, matière et forme des objets, quantité…), la technologie ne peut pas forcément s’adapter à tous. C’est d’ailleurs ce qui explique la création du CNRFID et son rôle d’accompagnement et de conseil.

 

Il faut également avoir conscience que le diable se cache dans les détails. Il suffit qu’un paramètre change pour que ce qui était déjà déployé devienne encore plus intéressant, voire révolutionnaire. Reprenons l’exemple de Decathlon : si, demain, un concurrent veut faire la même chose, cela pourrait lui prendre  10 ou 15 ans, simplement à cause des différences dans la supply chain. Decathlon a ses propres réseaux de production et de distribution. Un concurrent devra peut-être s’entendre avec plus de partenaires et faire que tous les acteurs mettent en place la technologie afin de trouver un retour sur investissements.

 

« Souvent, on a le réflexe d’attendre le déploiement par secteur, mais cela se fait plutôt avec des cas d’usages, sous forme de niche sur un marché. Ce n’est pas assez représentatif pour dire que le secteur s’est transformé par l’usage de la RFID. » 

 

Donner des chiffres est difficile car les études s’appuient souvent sur le nombre de tags vendus. Or, c’est un paramètre qui écrase complètement les statiques puisque, par exemple, Decathlon peut faire 50 millions de tags par an à lui seul. Face à cela, un industriel qui ne fait que 50 000 tags mais a une valeur ajoutée extrêmement importante disparaît complètement.

 

Sur les objets connectés, l’approche est différente. L’engouement est très fort et, au-delà de la technologie, nous sommes sur des enjeux de transformation des modèles économiques.  Ce n’est donc pas abordé de la même manière qu’un projet RFID, plus pragmatique dans la réponse à la problématique initiale.

 

Où se situe la France par rapport aux autres pays ?

 

Nous sommes bien placés, parmi les 5 ou 6 pays les plus avancés en termes de compétences sur l’ensemble de briques nécessaires à la mise en œuvre de la technologie. Nous avons aussi un réseau de PME très riche. Concernant les usages, nous avons de belles applications qui se sont mises en place, mais nous communiquons peut-être moins que d’autres pays.

 

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